Antidote Party - <<On n'a vu que du bleu!>>

LE THOUR (Ardennes). Hier matin, nous nous sommes rendus au Thour. Impressions des habitants et des raveurs sur un événement qui a attiré plus de 3 000 festivaliers.

«PARCE qu'elle avait été déclarée, cette rave a pu être bien encadrée. La prévention a permis d'éviter tout dérapage ». Florence Gouache, la sous-préfète de Rethel, a tout lieu d'être satisfaite de l'organisation de l'« Antidote Party » qui a réuni comme prévu plus de 3 000 « teufeurs » au Thour.
Nicolas Pouillard, un des animateurs, exprime le même sentiment : « Il n'y a pas eu de grosses évacuations ni un cas sérieux de défonce. Les habitants du coin ne se sont pas plaints de nuisances sonores. On peut, par ailleurs, louer leur ouverture d'esprit car ils ont été très cool avec les raveurs. Tout le monde a fait la fête et on a respecté notre contrat ».
« Trop bridés »
Au sein d'un village dénué du moindre commerce et habité en majorité par des personnes âgées, pas la moindre plainte de la part des autochtones.
Madeleine (74 ans) et Joseph Aubry (85 ans) témoignent : « On n'a pas été dérangés et on a bien dormi. Ça a dû être bien organisé car la fête patronale fait plus de boucan. De mon temps, on s'amusait dans les bals musettes, mais chaque époque a ses rites ». Et ce couple tranquille d'ajouter : « Il y a quelques années à Saint-Germainmont, une « teuf » comme ils disent maintenant, avait fait beaucoup plus de bruit ».
Même son de cloche chez Marie-Thérèse Gouvion : « Hormis la circulation un peu plus dense qu'à l'habitude, pas la moindre gêne. On nous a, finalement, beaucoup affolés pour rien. Il faut dire que l'endroit ressemblait à un nid de gendarmes ». Serge, lui, se met à rêver : « Si ces jeunes mettaient autant de cœur au boulot qu'à faire la fête… »
En se rapprochant du site de la rave, on rencontre Claudy et Pascal, d'autres indigènes. « Tout s'est bien passé. Il y a bien un peu de son, mais c'est de la bonne musique. Ce n'est pas seulement du boum, boum, boum. D'ailleurs, on est allés en bordure de champ, samedi soir, pour en profiter ». Ils se marrent : « On en redemande pour l'an prochain avec si possible gratuité pour les gens du Thour ».
Course d'obstacles
Pascal se rebelle un peu : « Que les gendarmes fassent des contrôles pour l'alcoolémie et la drogue, c'est normal mais l'installation d'un radar à la sortie du site, c'est un peu trop. Là, ils exagèrent. Je comprends les réactions de ces jeunes. Il ne doit y avoir ni abus, ni provoc'».
Au milieu de nombreux barrages de gendarmerie, on croise des raveurs à pied. David, le Carolo : « Etant jazzman, je suis venu simplement pour écouter de la musique. Franchement, je suis resté scotché. Cette musique donne la patate. C'est tellement entraînant que j'aurais pu labourer un champ environnant à la main ».
Au cœur du site, Marion et Bryan, deux jeunes Marnais de 18 ans, livrent leur ressenti. « On aurait aimé que ça bouge un peu plus. L'ambiance a été plombée par la proximité des gendarmes. Il y avait du bleu partout et des contrôles à tout va. Même si on préfère les raves légales, on a eu l'impression d'être bridés. Certains plus zélés que d'autres ont parfois adopté des attitudes de cow-boy ». Lauriane de Dourdan acquiesce : « Une vraie course d'obstacles pour arriver et sortir ».
Un dispositif qui a en tout cas freiné certains excès : plus du tout de vente de drogues « à la criée ». Ceux qu'on baptise « les acharnés » ont dû faire preuve de plus de discrétion au moment du « deal ».
Ce dont se félicite ce trio de Mantes-la-Jolie : « Beaucoup de ceux qui viennent pour la défonce n'ont pas fait le déplacement car le téléphone a bien fonctionné. Du coup, l'ambiance est plus saine. C'est une bonne chose. Il y a moins de « merde » qui circule. Ça craint moins. Mais ne vous leurrez pas, il existe encore une très forte consommation de substances toxiques… ».
Pascal REMY

Source: http://www.lunion.presse.fr/article/ardennes/rave-party-%C2%AB-on-na-vu-que-du-bleu-%C2%BB